Posté le 15 mars 2014 dans Genève Internationale, Société | 0 commentaire
Les métiers de la coopération internationale
Rencontre avec Chantal Bernheim et John Foncel, producteurs à la RTS (Radio Télévision Suisse) dans le parc de l’Ariana pour évoquer leur émission qui décline, en quarante épisodes de trois minutes, quelques métiers de la coopération internationale.

Complicité, connaissance du sujet et passion communicative, interviewer deux producteurs qui exercent leur art dans l’audiovisuel facilite certainement l’approche. L’occasion était trop belle, je filme leur première question (en une prise) en guise de clin d’œil à leur magnifique travail:

Comment cette idée de présenter des films courts de 3 minutes vous est- elle apparue comme évidente ?

Le programme de trois minutes était évident pour plusieurs raisons : ce format de film de 3 minutes existe depuis plusieurs années à la RTS, sa particularité est que ce format court peut être posté sur internet lui permettant de vivre une deuxième vie. De plus, la conjugaison de cette case, dédiée habituellement à la présentation des métiers dans la perspective du dixième anniversaire de l’entrée de la Suisse à l’ONU, nous a poussés presque naturellement à vouloir présenter les métiers de la coopération internationale qui font de Genève et de la Suisse une place de gouvernance mondiale extraordinaire. Nous avons voulu donner un nom à cette démarche en l’appelant le « court du jour ». Au départ l’appellation « court » se confondait et rejoignait la signification de ses homonymes. Le cours magistral tout d’abord puisqu’il était dévolu à enseigner. Ensuite, le court puisqu’il se situait dans la durée. L’idée est de mettre en place une thématique particulière qui puisse être développée pendant une période donnée. Pendant cette période, une idée se décline et peut être approfondie sur les supports d’information : DVD, Internet, télévision.

Que pensez-vous, en ce dixième anniversaire de l’accession de la Suisse à l’ONU, de la place qu’elle occupe ? Vous posez une question qui appelle des réponses à plusieurs niveaux. Cette présence est, selon moi, absolument nécessaire. La Suisse est présente dans le monde international. Nous célébrons avec joie cet anniversaire. Je peux donc vous donner à la fois une réponse institutionnelle mais aussi passionnelle. Les personnes que nous avons rencontrées évoquent, bien entendu, leur organisation et de, par le travail qu’ils accomplissent, leur passion pour une mission. C’est justement ce que nous avons essayé de démontrer dans ces courts du jour. Notre réponse passionnelle est que nous sommes justement passionnés par ce qui se passe dans le monde international anniversaire ou pas. L’envie de développer une présentation des Nations Unies et de ses composantes était latente pour nous deux. Pour l’anecdote, les parents de Chantal travaillaient tous deux pour les Nations Unies.

Cette action permettrait-elle de contribuer à faire « éclater la bulle » dans laquelle semblent enfermées certaines organisations ?

Nous l’avons effectivement remarqué. Il apparaît très clairement que l’action de ces organisations se recoupe. Cela permettra t-il de faire éclater la bulle ? Nous ne le savons pas. En tout cas, ces présentations constituent un outil qui pourrait effectivement être utilisé entre les organisations pour coordonner davantage. Nous avons essayé de faire transparaître cette transversalité entre les actions de chaque personne rencontrée. Les thématiques communes à des institutions différentes apparaissent clairement ainsi d’ailleurs que leur complémentarité. Le site internet http://cooperation.courtdujour.ch permet de regrouper les informations. Le but du jeu était de rencontrer les personnes. Après coup, nous constatons en effet des similitudes d’action sur des thématiques proches. Il faut garder à l’esprit que plus les organisations sont grandes, plus il est difficile de coordonner. Cette constatation est valable pour toutes les organisations, et pas seulement internationales!

A un moment où il est question de renforcer encore davantage le tissu international de Genève en tentant d’accueillir de nouvelles organisations, est-il judicieux de souligner davantage cette multiplicité qui est finalement un peu tentaculaire ? La multiplicité n’est pas négative, elle peut permettre la mise en place d’énergies différentes, d’idées, d’émulations voire même de saine concurrence. La concentration de ces expertises sur un même lieu géographique est unique et incroyable, elle peut permettre de rejoindre des objectifs dans un « covoiturage » productif.

Comment le choix des participants est-il intervenu, quelles ont été vos surprises, qu’avez-vous découvert et qui vous a aidés ?

Nos partenaires naturels qui sont les services de communication et d’information. L’ONU tout d’abord avec Mme Momal-Vanian, la Confédération, le département des Affaires étrangères, la République et le canton, la ville de Genève, la Fondation pour Genève et tous les interlocuteurs des différentes organisations. Il convient de citer également Mme Heuzé. La difficulté justement était d’expliquer aux organisations que nous recherchions davantage des personnes qui constituent la colonne vertébrale plutôt que la haute hiérarchie. La deuxième difficulté était de poser le sujet : nous ne présentions pas l’organisation mais un métier qui se trouvait dans cette organisation et pouvait être aussi présent dans une autre organisation. La troisième difficulté était la disponibilité des gens en coordonnant les rendez-vous avec des personnes qui voyagent. Enfin, le programme étant en français, la barrière de la langue a parfois posé un problème. Quelques portes difficiles à ouvrir, voire qui sont restées fermées nous ont quelque peu surpris. Il s’agit peut être d’une méfiance vis-à-vis des médias. Nous avions prévu 40 « cases ». Nous avons commencé par les organisations les plus évidentes et ensuite nous avons extrapolé en nous attachant à toucher toutes les grandes thématiques liées à la gouvernance mondiale. Au fil des recherches, des listes de noms se sont dégagées. Nous avons ensuite réalisé des entretiens préalables qui nous ont permis de déterminer de manière parfois subjective peut-être mais toujours dans un souci de passage à l’écran, des personnes qui communiquaient leur passion. Beaucoup de métiers que nous ne soupçonnions pas et même des organisations qui nous étaient inconnues se sont révélés.

Le résultat est surprenant car il laisse souvent justement la passion s’exprimer …

Le travail est double : la réalisation tout d’abord. Le réalisateur a su susciter l’enthousiasme et la passion chez les personnes rencontrées. Le montage a ensuite permis de donner du rythme au format de 3 minutes en sélectionnant les passages les plus pertinents parmi des heures de tournage. Le travail de mise à l’image est également important, avec des visuels sur les bâtiments qui aident à améliorer les sujets.

Ce projet a pris combien de temps ?

L’idée est née il y a 3 ans, ensuite, il a fallu trouver des partenaires financiers, monter le budget en décembre dernier. Nous avons démarré la production en janvier. Si vous faites une émission de 50 minutes, cela vous prend un certain temps. Si vous faites 40 émissions sur 40 personnes, cela vous prend 40 fois plus de temps !

Quarante personnes filmées, prévoyez-vous une suite ?

Il en reste 250, alors nous avons envie de dire oui. Tout dépendra de l’intérêt du public, des partenaires. En tout cas il est certain que nous maîtrisons encore mieux la démarche avec notre équipe * et que nous sommes prêts. Des versions en anglais, allemand et italien sont programmées, faire vivre le site est aussi notre objectif. http://http://cooperation.courtdujour.ch. Nous avons envie de compléter cette série et pourquoi pas susciter des vocations.

 

 

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